L'affaire Battiston



Le 8 juillet 1982,
à l'occasion de la demi-finale de la Coupe du monde 1982 disputée à Séville au stade Sánchez Pizjuán, Harald Schumacher sort de son but en direction de Patrick Battiston, saute et percute à toute vitesse avec sa hanche, à l'entrée de la surface de réparation, la tête du joueur français qui ne l'avait pas vu arriver, les yeux rivés sur le ballon. Le choc est violent : Battiston, victime d'une importante commotion, s'écroule inconscient sur le terrain. Il vient de perdre trois dents.
Il est évacué sur une civière, la main tenue constamment par son capitaine Platini, et remplacé après seulement 8 minutes sur le terrain. Schumacher, contrairement à Battiston, n'a pas touché le ballon. Mais la faute, évidente lorsque l'on remontre l'action, n'est pas signalée par l’arbitre Charles Corver. Celui-ci déclarera par la suite ne pas l'avoir vue parce que son regard suivait lui aussi le ballon. Son arbitre assistant ne relèvera pas non plus la faute, estimant que Schumacher n'avait pas eu l'intention de percuter son adversaire.
Ce geste fut considéré comme une agression volontaire par de très nombreux commentateurs3. L'attitude de Schumacher, qui semble se désintéresser complètement du joueur qu'il a blessé, marquera aussi les esprits et vaudra au portier allemand une mauvaise image. Tout comme sa réponse à la fin du match à une information d'un journaliste lui disant que Battiston avait perdu deux dents. Il déclare : « S'il n'y a que ça, je lui paierai une couronne ». Cet évènement et l'attitude désinvolte affichée par le joueur ce jour-là lui vaudra le surnom de « boucher de Séville ». Cette affaire prendra d'importantes proportions en France ainsi qu'en Allemagne. En France, Schumacher sera traité de « nazi », de « SS » et recevra notamment des menaces de mort. En Allemagne, Schumacher sera accusé d'avoir ravivé le sentiment germanophobe en France en présentant l'image du « méchant Allemand ».

Schumacher déclara ne pas avoir voulu blesser Battiston et regretta ce qui est arrivé, tout en affirmant que si cela était à refaire, il le referait parce que c'était « le seul moyen d'avoir la balle ». Il ajouta ne pas avoir cherché à prendre de nouvelles de Battiston sur l'instant pour que les choses ne dégénèrent pas, et que sa phrase sur le fait de lui « payer une couronne » n'était pas cynique, marquant au contraire son soulagement d'apprendre que la blessure n'était pas plus grave.
Lors d'une rencontre entre les deux hommes à Metz le 15 juillet 1982 devant les caméras de télévision, Patrick Battiston déclare avoir pardonné au portier allemand, qui assure ne pas avoir eu l'intention de le blesser, et ne pas vouloir revenir sur cette affaire. Elle reste, cependant, pour beaucoup d'amateurs de football, la plus marquante de la carrière de Harald Schumacher.




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